Transsibérien Page 5
Le train est parti à l’heure du coucher, les préparatifs pour la nuit ne vont pas tarder, il faut songer à la toilette ! Les toilettes se composent d’une cuvette et d’un lavabo en inox, le tout dans un espace qui ne dépasse guère deux ou trois mètres carrés. Comme chaque toilette est commune à une vingtaine de voyageurs, mieux vaut se méfier des conditions d’hygiène et limiter le plus possible les contacts directs avec le matériel. Poser une trousse ou du matériel de toilette de manière instable, ou encore se raser, est risqué à cause des mouvements du train. Prendre une douche tient de l’exploit : l’une des rares possibilités est d’emporter une petite cuvette, de la remplir et de s’en arroser (un trou d’évacuation dans le sol permet de répandre l’eau à volonté).

Sur une suggestion du « Trans-Siberian Handbook », j’ai emporté un bout de tuyau, un collier et un tournevis. Pour installer ce dispositif, il me faut avoir les mains libres, donc d’abord mettre en lieu sûr mais accessible le matériel de toilette et les vêtements de nuit. Je branche le tuyau tant bien que mal et me déshabille, puis, avec le bout du tuyau dans une main au-dessus de la tête, j’actionne de l’autre la commande du robinet, qui est une tige verticale qui se trouve sous le robinet et qu’il faut pousser vers le haut et maintenir en permanence. L’eau coule entre mes doigts et pas dans le tuyau : la commande du robinet n’est pas étanche et la pression d’eau est pratiquement nulle, l’astuce du tuyau ne peut pas marcher. Que faire ? Je me résous à envelopper le robinet de la main pour limiter la fuite et à m’accroupir pour que l’eau n’ait pas à remonter de pente dans le tuyau. Ensuite, dans un espace où le moindre faux mouvement peut faire choir un vêtement ou un objet sur un sol mouillé et malpropre, il faut encore démonter le dispositif, se sécher, se rhabiller, rassembler ses affaires. Tout cela prend beaucoup de temps et je sens qu’on commence à s’énerver de l’autre côté de la porte. Les fois suivantes, je choisis un horaire où je n’aurai pas de concurrence.