Transsibérien Page 10
Le marché sur le quai

Le wagon-restaurant se trouve au milieu du train, à quatre wagons du nôtre, ce qui nous contraint à une petite promenade apéritive. Nous entrons par l’extrémité des cuisines, qu’il vaut mieux éviter d’examiner de trop près si l’on veut conserver son appétit. Un couloir central sépare deux rangées de tables de quatre places. Nous avons de la chance, semble-t-il, de trouver de la place : le train serait envahi d’Allemands et de Japonais. On verra effectivement quelques groupes des premiers, que nous croiserons d’ailleurs plusieurs fois au cours de nos périples d’Irkoutsk et du Baïkal, mais très peu des seconds. J’ai trouvé dans le guide mention de menus offrant un choix de plats prometteur. Dans ce train-ci, rien de tel, pas de choix, une petite assiette de crudités (du chou coupé en lamelles) vous attend à votre place, en général suivie d’un bol de soupe, d’un plat de viande bouillie ou d’une saucisse accompagnés de pommes vapeur ou de riz ; un petit dessert, glace ou pâtisserie, termine le repas, accompagné d’un verre de thé. Rien de gastronomique dans tout cela, mais on peut le relever d’une bonne bouteille de bière ou d’un verre de vodka.

En fin de repas, on nous apprend que pour les repas suivants, les places seront chères : on a été surpris par le nombre des touristes dans le train (les Russes ne vont jamais au wagon-restaurant : c’est trop cher) et l’approvisionnement risque d’être insuffisant. De fait, le repas du soir s’avère fort médiocre et nous décidons de ne pratiquer le wagon-restaurant qu’une fois par jour et de pique-niquer pour le dîner. Dans une épicerie de Moscou, nous avions fait quelques provisions : saucisson, fromage, pain, gâteaux, mais le gros des aliments consommés est venu des achats sur le quai des gares. A chaque arrêt du train, les passagers en profitent pour descendre se dégourdir les jambes et sont attendus par les paysannes locales et leurs étalages à même le sol, qui permettent de faire le plein de poisson séché, de saucisson, de pain, de légumes et fruits frais, de boissons, pour un prix intéressant quoique non dérisoire, les Russes ayant appris à quoi s’en tenir sur le pouvoir d’achat des touristes.